Ils ont été appréhendés à l’issue d’un une opération coup de poing menée par les éléments de la Brigade maritime du Port de Douala.

 

Selon des sources proches de l’enquête, ces braconniers ont été arrêtés alors qu’ils tentaient via un syndicat criminel lié aux espèces sauvages, de faire sortir clandestinement 125 défenses et des douzaines de pièces d’ivoire à destination du Nigéria. On apprend de source crédible qu’un homme âgé d’une trentaine d’années qui était sur le point de transporter des ballots de vêtements au Port des pêches à Douala, a été interpellé par des gendarmes, et interrogé sur le contenu de sa cargaison. Ils avaient eu vent de ce que l'ivoire se dissimulait dans des vêtements d'occasion et passait en contrebande vers le Nigeria. C’est cette enquête préalable qui a permis d’arrêter le suspect. Sa réaction suscitant de plus en plus de questions,  les officiers de la gendarmerie ont décidé de contrôler les sept ballots de vêtements. L’ivoire a été retrouvé soigneusement dissimulé dans la cargaison illicite. Il a été arrêté et emmené au bureau de la gendarmerie où deux de ses complices l’ont rejoint, « alors qu'ils essayaient de soudoyer le Commandant de  brigade en vue de leur libération. L'un des trafiquants connecté à ce groupe est toujours en fuite », apprend-on.

Pour l’heure, l'affaire a été transmise au Procureur de la République, qui a renvoyé le dossier aux responsables de la délégation régionale de la Forêt et de  la faune du Littoral, compétents pour traiter de telles questions. Les poursuites judiciaires contre ces trafiquants d’espèces sauvages ont été menées avec le soutien technique d’un organisme de protection de la nature appelé Laga. Ils ont ainsi été renvoyés devant le Procureur de la République qui les a inculpés pour « tentative de corruption, détention illégale de parties d’espèces protégées, et abattage d’espèces sauvages protégées ». Précisons que des enquêtes prioritaires ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de ce groupe grâce à des connexions trouvées dans la région du Sud et au Gabon. Ils étaient également liés aux trafiquants arrêtés lors d'opérations précédentes, notamment celles sur le trafic d’écailles de pangolin menées à Douala par le passé. « L’un des trois trafiquants est un ressortissant nigérian, et de nombreux produits fauniques  illicites en direction du Nigéria ont déjà été interceptés au cours d’opérations coups de poing », indique notre source. Surtout quand on sait que les trafiquants utilisent les nombreux petits ports jonchant le long de la côte Cameroun-Nigéria pour faire passer en contrebande de l'ivoire, des écailles de pangolin et plusieurs autres produits au Nigéria, d’où ils sont exportés vers l’Asie.

Nigéria, destination privilégiée

Pour mémoire, en décembre dernier, la police a arrêté trois personnes avec plus de 158 défenses d’ivoire et des milliers d’autres produits dérivés de la faune alors qu’elles chargeaient cette cargaison illégale dans un camion destiné à la contrebande au Nigéria. L'affaire est actuellement en cours devant le Tribunal de première instance de Bonanjo. En 2014, un homme a été arrêté à Edéa avec 30 défenses d'ivoire dissimulées dans des ballots de vêtements qu'il transportait à Douala dans un chargement censé se diriger vers le Nigéria. Plus d'une tonne d'ivoire a été saisie en 2009 par les agents  de la faune alors que la cargaison illicite se dirigeait toujours vers le Nigeria. La facilité relative avec laquelle les trafiquants opèrent au Nigéria a fait de ce pays une destination privilégiée pour les gros trafiquants cherchant à exporter de la contrebande en Asie. Or, selon les articles 101 et 158 ​​de la loi de 1994 régissant le secteur de la forêt  et de la faune, quiconque trouvé en possession de parties d'espèces  sauvages protégées est présumé avoir capturé ou tué l'animal et est passible d'une peine de prison de 1 à 3 ans et/ou une amende de 3 à 10 millions de francs Cfa.

Achille KAMGA (Le Messager)